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« Il faut partir du principe que tout se vole »

Vol de carburant, de matériel ou encore de bouteilles, comme toutes les entreprises, les exploitations viticoles n’échappent pas aux actes de malveillance. Pour les éviter et accompagner les vignerons, la gendarmerie de Loire-Atlantique mise sur la prévention. Entretien avec l’adjudant-chef Charles-Édouard Despret, de la cellule prévention technique de la malveillance.

Quel est l’état des lieux des actes de malveillance dans les exploitations agricoles et viticoles de Loire-Atlantique ?
Il n’y a pas de recrudescence mais pas de baisse non plus. En viticulture, on est surtout confrontés à des vols de bouteilles. Dans les élevages ovins, cela va être des vols d’animaux, notamment au moment des agnelages ou des fêtes religieuses. Chez les ostréiculteurs, les vols ont surtout lieu au moment des fêtes de fin d’année et sont souvent endogènes. Plus récemment, nous avons eu plusieurs phénomènes de maraudes en maraichage. Ce sont des vols de denrées alimentaires en culture. Dans les faits communément subies par les agriculteurs il y a le vol de carburant, le vol de métaux en vrac, les petits outillages pour la revente et les vols de GPS. Mais il faut partir du principe que tout se vole.

 

Quel est le type de délinquance rencontré ?
Il y a trois types de délinquance. L’endogène, qui a lieu en interne, mais qui est peu importante. La délinquance d’opportunité, liée à des gens qui se promènent et vont voler des choses en se disant que ce serait bien chez eux. Et puis il y a la délinquance organisée pour le carburant, les outils, le bétail ou les GPS, pour de la revente.

 

Y’a-t-il des périodes plus sensibles que d’autres en viticulture ?
La fin d’année est une période sensible au niveau des vols de bouteilles. Il y a du recel et de la revente sur ces produits à forte valeur ajoutée. Les vendanges le sont aussi car il y a beaucoup de va-et-vient sur les exploitations, tout est ouvert, beaucoup de gens de l’extérieur viennent travailler. Il faut donc redoubler de vigilance à cette période.

 

Comment se prémunir des vols ?
La première chose est de sécuriser les lieux. Notre démarche de prévention repose sur la méthodologie H.O.T : Humain, Organisationnel et Technique. L’humain repose sur la présence. Ça peut être le fait d’habiter sur place ou d’avoir un chien, qui peut être très dissuasif. L’humain, c’est aussi faire attention au flux d’argent si on a un point de vente et ne pas organiser la mise en dépôt avec des jours et horaires fixes. Cela passe aussi par le fait d’avoir des contacts avec la gendarmerie locale et de renseigner tout comportement suspect. Cela peut être du démarchage, du rodage ou du repérage avec des véhicules qui vont et viennent. Sur le plan organisationnel, c’est faire attention à la gestion des clés, des véhicules ou des bâtiments, mais aussi de se structurer localement en réseau pour avoir de la surveillance en cas d’absence. Enfin au niveau technique, il s’agit de clôturer l’exploitation quand c’est faisable et de sécuriser le bâti. Ça peut être avec des éclairages à détecteur de présence qui sont très anxiogènes pour les délinquants, la vidéo détection et la vidéoprotection du point de vente notamment. Il y a aussi les alarmes qui viennent en complément de la vidéoprotection.

 

Comment la gendarmerie accompagne-t-elle les agriculteurs ?
Nous intervenons de plus en plus auprès des agriculteurs, par filière, pour du préventif. Nous pouvons aussi les conseiller dans leurs projets de construction de bâtiment ou de chai, sur la façon de sécuriser les lieux. Enfin pour ce qui est des interventions ou pour signaler un comportement suspect, mieux vaut contacter le 17 que la brigade locale. Il y aura toujours un opérateur pour conseiller ou engager la patrouille la plus proche.

 

Qu’en est-il du dispositif Alerte Agri 44 ?
C’est un dispositif créé en partenariat avec la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, la Préfecture et la gendarmerie nationale. C’est un système d’alerte qui prévient les agriculteurs des faits de délinquance survenus à proximité de leur exploitation. Les derniers signalements portaient sur des vols de GPS, des vols d’outillage ou l’installation d’une rave-party. L’inscription est gratuite et se fait en ligne sur le site alerteagri44.fr. Malheureusement, ils ne sont que 142 agriculteurs inscrits en Loire-Atlantique.

 

Avez-vous d’autres dispositifs destinés aux agriculteurs ?
Nous avons l’opération tranquillité entreprises et commerces qui n’est pas uniquement dédiée aux agriculteurs mais ouvert à toutes les entreprises. C’est le même principe que l’opération tranquillité vacances pour les particuliers. La police ou la gendarmerie vient surveiller votre exploitation quand vous vous absentez plusieurs jours. Sur le site referentsurete.fr, les agriculteurs peuvent aussi trouver des conseils pour sécuriser leur entreprise, ainsi que sur le site magendarmerie.fr et l’application « Ma sécurité » (disponible sur Google Play et sur l’App Store).