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Grand format

Economie : Météo favorable au Muscadet (partie 2)

Crédit : Emeline Boileau.

Suite de notre grand format consacré à l’activité du Muscadet sur les différents circuits de distribution. Après un premier focus sur la grande distribution, les cavistes et la vente directe, coup de projecteur sur la restauration et l’export. Sur ces deux marchés, le Muscadet a encore des marges de progression mais continue de conquérir de nouveaux consommateurs, séduits par la montée en gamme et la proposition de vins frais et légers. Acheteurs et vendeurs nous livrent leurs impressions.

Les mises en marché, qui regroupent les ventes en France et celles à l’export, sont en baisse depuis le début de campagne. Une baisse de 4 % entre les six premiers mois de 2023/2024 comparé à la même période en 2022/2023. Le Muscadet, comme le reste du Val de Loire, est confronté à une contraction des volumes, en France et à l’export, liée notamment à la baisse de la consommation de vin ou encore au contexte économique et à l’inflation. Pour autant, toutes les appellations du Muscadet ne sont pas logées à la même enseigne. Le Muscadet Régional progresse ainsi de 2,2 % sur les six premiers mois de la campagne comparé à 2022/2023, passant de 31 890 hl à 32 590 hl. Une hausse expliquée par celle des ventes en France, en progression de 4 %, alors que les ventes à l’export sont en repli de 18 %. Pour les appellations sous-régionales avec et sans mention sur lie, les mises en marché ont baissé de 6,6 % entre août 2023 et janvier 2024, comparé à la même période un an plus tôt, les ventes en France et à l’export ayant baissé du même niveau. En revanche, les mises en marché des crus communaux progressent. Même si les volumes sont modestes avec 1 058 hl sur les six premiers mois de la campagne 2023/2024, ils sont en hausse de 7,5 %, en particulier sur le marché français. Pour ce deuxième volet du grand format, on s’intéresse plus particulièrement aux ventes à l’export et à celles en restauration française.

Le Muscadet perd des volumes à l’export mais gagne en valeur
Les données portant sur l’année 2023 viennent d’être publiées par InterLoire et font état d’une baisse des exportations sur un an (sources Douane et DRM). Sur ces 12 mois, 47 700 hl ont été exportés, soit 5 % de moins qu’en 2022. Le Muscadet AOC a notamment perdu 17 % de ses volumes selon les DRM avec 5 950 hl exportés, tandis que la baisse est de 9 % pour les sous-régionales à 32 710 hl. Au niveau des destinations, les volumes exportés sont en baisse vers le Royaume-Uni (- 18 % à 10 200 hl) et le Canada (- 2 % à 6 830 hl), mais progressent vers la Belgique (+ 12 % à 10 510 hl) et sont stables vers les Etats-Unis (+1 % à 6 890 hl). A noter que la valorisation progresse. Tous pays confondus, une bouteille de Muscadet 75 cl (toutes appellations) est vendue en moyenne à 3,64 € HT, en hausse de 7 %.

Le point de vue de l’importateur : Loïc Monti, directeur de l’agence Valmonti (Canada)
« Le Muscadet était une appellation sous-représentée sur notre marché il y a quelques années mais qui a gagné beaucoup d’appréciation de la part du marché depuis la dernière décennie. C’est un excellent rapport qualité/prix. Beaucoup de clients se tournent vers la Loire, entre autres le Muscadet, comme substitut qualitatif aux vins blancs de Bourgogne devenus trop chers pour une partie croissante de clients. Le profil tendance du consommateur québécois est sur le vin sec, digeste avec une appréciation accrue pour l’acidité ainsi que les vins blancs. Les vins blancs sont d’ailleurs en forte croissance par rapport aux vins rouges qui stagnent. »

Le point de vue de la vigneronne : Amélie Dugué, La Regrippière
« Nous sommes présents dans 35 pays avec des demandes différentes d’une nation à l’autre. En France et en Europe, la demande porte surtout sur le Muscadet mais aussi le chardonnay et le sauvignon. Au Canada et aux Etats-Unis, ils cherchent du Muscadet. Aux Etats-Unis, nous avons eu un petit ralentissement lié au fait que nos clients avaient du stock mais les ventes sont à nouveau reparties. D’un point de vue générale, l’export se porte bien. On sent que la notoriété du Muscadet progresse mais on se déplace aussi beaucoup. Nous avons vu plusieurs de nos clients sur les salons du début d’année. On sent l’envie des consommateurs et leur engouement pour les vins de Loire qui ont le vent en poupe. »


Le Muscadet progresse sur les cartes des restaurants. Crédit : Emeline Boileau.

Une carte à jouer en restauration
Les vins blancs constituent 1/5e de l’offre de boissons alcoolisées référencées sur les cartes des restaurants selon l’étude d’InterLoire sur la consommation des vins blancs en France. Et cette offre a progressé ces dernières années. En 2022, les vins blancs secs représentaient 34 % de l’offre de vins tranquilles contre 32 % en 2019. Si le Muscadet ne fait pas partie du Top 20 des vins les plus référencés, il est présent, en bouteille, chez 4 à 6 % des restaurateurs. Au niveau local, ce taux est largement supérieur. Le logo « I Love Muscadet » mis en place il y a plus de 10 ans, sert en effet d’indicateur pour mesurer les établissements de Nantes et de son agglomération proposant plus de 5 références de Muscadet à la carte. Sur la dernière sélection des tables de Nantes, 64 adresses sur les 174 référencées affichaient ce logo et le nombre augmente tous les ans. Enfin côté valorisation, les prix vont en moyenne de 25 € la bouteille pour un Muscadet Sèvre et Maine sur lie à 27 € pour Muscadet AOC et 30 € pour un Sèvre et Maine.

Le point de vue du restaurateur : Guillaume Claireau, Obbo (Nantes)
« Le Muscadet fait probablement partie de nos meilleures ventes. Peut-être pas à la bouteille mais au verre certainement. Notre cuisine se prête plus aux vins blancs et le ressenti est que les clients sont plus dans la découverte sur les blancs et vont donc prendre le vin au verre tandis qu’ils prendront plus facilement une bouteille sur les rouges. Le Muscadet est l’une des ventes phares auprès des clients étrangers qui veulent boire des vins locaux. Ils n’ont aucun préjugé sur l’histoire de la qualité. Les locaux eux veulent parfois goûter autre chose ou alors demandent « un p’tit mumu », sans que ce soit péjoratif. Ils sont conscients de l’évolution de la qualité ou s’en laissent convaincre. En termes de prix, le Muscadet est entre 5 et 6 € au verre et va de 20 à 63 € à la bouteille. »

Le point de vue du vigneron : Mickaël Salmon, Château-Thébaud
« Je réalise 30 à 40 % de mon chiffre d’affaires en restauration et ce circuit se développe énormément. Je suis surtout présent à Nantes, sur la Côte d’Azur, en Bretagne et à Paris, dans les brasseries et restaurants gastronomiques. Leurs commandes portent principalement sur la folle blanche que je revendique en vin de France, les rouges puis le Muscadet en 3e position. Depuis cette année, j’ai mis en place une condition : pour avoir de la folle blanche ou du rouge, il faut obligatoirement prendre du Muscadet. Ça se passe très bien, je n’ai pas d’effort à faire auprès de mes clients. A Nantes, l’offre de Muscadet à la carte des restaurants a bien progressé. Il y a un très beau réseau avec de belles cartes de vins. La restauration nantaise est sérieuse et dynamique. »