Élections à la Fédération : au service du collectif
Du 24 au 30 octobre, les vignerons de Nantes sont appelés à élire leurs représentants à la Fédération viticole. Une élection à scrutin de liste à laquelle chaque producteur est invité à candidater. Dans les cantons, au pôle ODG ou au Pôle Communication, l’engagement individuel permet au collectif d’avancer. Et les chantiers du mandat à venir s’annoncent riches et diversifiés.
Syndicat professionnel, la Fédération des Vins de Nantes est un ODG, Organisme de Défense et de Gestion, représentant l’ensemble des producteurs des AOC de Nantes auprès de l’INAO. Cet ODG est chargé de l’élaboration et de l’évolution du cahier des charges de l’appellation, de la défense de l’appellation, de son nom, de son terroir, de son territoire de production, mais il veille aussi au respect des règles de l’appellation à travers le plan d’inspection. Si le contrôle est effectué par un organisme de contrôle, à savoir Inovalys pour les Vins de Nantes, l’ODG s’appuie aussi sur des sections, chacune représentant une AOC : Muscadet, Muscadet Sèvre et Maine, Muscadet Coteaux de la Loire, Muscadet Côtes de Grandlieu, Gros Plant et Coteaux d’Ancenis, ainsi qu’une section spécifique pour gérer les AOC communales. En tant qu’ODG, la Fédération des Vins de Nantes est également en charge de la valorisation des AOC. Cette mission est assurée par le pôle communication qui gère aussi bien la communication interne (newsletter, PLV, carnets de bord), la communication externe (partenariats, événements tels le Hellfest ou le Voyage à Nantes, relations presse) et la communication digitale.
Ces deux pôles, ODG et communication, sont réunis au sein du Conseil Stratégique dont la vocation est de travailler tous les sujets transversaux du vignoble pour donner des orientations, assurer les représentations des Vins de Nantes directement ou par délégation, veiller à la cohérence des décisions des Pôles ODG et Communication et nommer les représentants aux commissions « Marché Économie Prospective » et « Communication » de l’interprofession. Ce Conseil Stratégique est composé de 11 membres (7 représentants issus du Conseil d’Administration des sections AOC dont les présidents de sections et 4 représentants issus de la Commission Valorisation des Produits, dont le président) et de 6 membres invités issus des organismes viticoles au rôle consultatif : un représentant des producteurs de Vins de France de la région nantaise, un représentant des Vignerons Indépendants Nantais, un représentant de la coopération, un représentant de la Chambre Agriculture de Loire-Atlantique, un représentant du vignoble nantais des vins IGP Val de Loire et un représentant des apporteurs aux vendangeoirs. A noter également que la Fédération des Vins de Nantes étant membre de la CVVL (Confédération des Vignerons du Val de Loire), d’InterLoire et qu’elle siège à la CNAOC (Confédération Nationale des AOC), certains élus du Conseil Stratégique représentent la Fédération viticole au sein de ces différents organismes professionnels.
Des élus au contact de la profession
Les délégués de section sont l’interface entre le Conseil Stratégique et les producteurs. Ils sont réunis en assemblée des sections, parlement des AOC, pour voter annuellement les rendements, les budgets, les cotisations et peuvent être consultés sur des sujets techniques comme c’est le cas actuellement dans le cadre de la réforme du cahier des charges. Les délégués des sections AOC Vins de Nantes se retrouvent en assemblée générale trois fois par an : en juillet-août pour les rendements, en octobre pour le bilan des vendanges et mars pour celui des revendications. Les sections Coteaux d’Ancenis et Gros Plant sont quant à elles souveraines pour gérer l’évolution de leurs cahiers des charges qu’elles soumettent à la validation du l’assemblée générale des sections. Quelle que soit la section qu’ils représentent, les délégués se doivent être un relais entre le Conseil Stratégique et les producteurs. Ils transmettent l’information et expliquent les décisions aux vignerons mais font également remonter au Conseil Stratégique les sujets de préoccupation, celui-ci se réunissant à trois ou quatre reprises dans l’année.
Les élus au Pôle Communication sont également des relais d’information. Ils se réunissent trois à quatre fois par an pour décider des opérations de communication à venir, faire le bilan des événements passés. Durant le dernier mandat, ils ont également piloté et suivi le projet du Château de la Frémoire. Certains élus au pôle communication participent par ailleurs au comité de rédaction de la newsletter des Vins de Nantes qui se réunit une fois par mois pour décider du contenu de la prochaine édition.
Que ce soit au pôle ODG ou au pôle communication, les élus sont accompagnés par l’équipe des permanents de la Fédération qui prépare et assiste aux différentes réunions. Ils sont par ailleurs défrayés pour l’ensemble des réunions auxquelles ils participent. En cas d’indisponibilité, il est possible d’être excusé.
Réforme du cahier des charges, attractivité de la filière, bulles nantaises au cœur de la prochaine mandature
Le mandat de l’équipe actuelle s’achève avec de nombreux dossiers en cours. Si le projet du Château de la Frémoire touche à sa fin avec l’ouverture du site attendue à l’été 2024, le dossier de la réforme du cahier des charges Muscadet ouvert fin 2020 l’est toujours. Il s’agira pour la future équipe élue de poursuivre les travaux de simplification du cahier des charges et d’amélioration de la lisibilité de l’AOC. Les élus auront également à travailler sur des sujets environnementaux tels que la lutte contre la flavescence dorée, ou sociaux comme l’attractivité de la filière, en lien avec les différents acteurs viticoles. Le dossier des bulles nantaises, engagé en 2018, sera aussi au programme en vue de sa concrétisation prochaine. D’autres sujets pourront également être ajoutés à la liste des travaux à mener en fonction des souhaits et des demandes des élus.
Place au vote
Dans quelques jours, l’ensemble des producteurs revendiquant au moins une des trois AOC de Nantes sera amené à voter. Un vote par voie électronique qui aura lieu du 24 au 30 octobre à minuit et dont les modalités sont détaillées ici. D’ici là, dans les cantons, les vignerons se réunissent pour constituer des listes. Celles-ci seront à déposer à la Fédération des Vins de Nantes, par courrier ou courriel avant le 22 octobre minuit. Pour inciter les producteurs à participer à la vie de leur Fédération, nous avons laissé la parole à deux élus, l’un engagé depuis plusieurs années, le second, récemment installé mais investit dès son entrée dans la profession. Ces témoignages sont à lire ci-dessous.
« Être élu permet d’avoir une meilleure vision du collectif et de la vie des entreprises »
Hervé Choblet, vigneron à Bouaye, Président des Cotes de Grandlieu, membre du Conseil Stratégique de la Fédération des Vins de Nantes, élu à la commission technique d’InterLoire, membre de la CNAOC et de la CVVL, gérant de la Sicarex.
« Je suis élu à la Fédération depuis plusieurs années et j’ai pu constater de nombreuses évolutions. Il y a eu la réforme des agréments, la délimitation du Sèvre et Maine… C’est un sujet qui me concernait moins, étant en Cotes de Grandlieu, mais en tant qu’élu on doit s’impliquer sur tous les sujets. J’ai plusieurs responsabilités au sein des différentes instances professionnelles. Quand on siège au Conseil Stratégique de la Fédération, on est aussi lié à l’interprofession. La commission technique d’InterLoire se réunit une fois tous les deux mois. On y parle des variétés résistances, du dépérissement du vignoble, des essais de bulles nantaises, etc. Je siège aussi à la CNAOC ce qui permet d’avoir un regard sur les autres régions viticoles avec lesquelles on partage de nombreuses problématiques. Les réunions de la Confédération sont peu nombreuses, deux fois par an environ.
Il y a des périodes plus chargées que d’autres mais globalement, ces engagements ne représentent pas plus d’une demi-journée par semaine. On s’organise sur l’exploitation avec mon frère et nos trois salariés et si je ne peux pas être présent, je peux être excusé.
Je suis satisfait de voir le projet du Château de La Frémoire aboutir. L’évolution positive de l’image du Muscadet est aussi l’une des réussites du dernier mandat. Il faudrait maintenant que cela se traduise par une meilleure valorisation des prix. Je n’ai pas vraiment de regrets si ce n’est celui de la lenteur administrative.
Je vais continuer de m’investir au sein de la Fédération pour le prochain mandat. Ensuite, je passerai la main. J’invite les vignerons à prendre un minimum de temps pour s’engager. Les réunions sont peu nombreuses, 3, 4 par an et on connaît les dates à l’avance. Plus on est nombreux, mieux c’est. On a aussi une meilleure vision du collectif, de la vie des entreprises. Cela permet d’avoir de l’ouverture. Il y a encore de belles choses à faire, notamment sur le cahier des charges. La Fédération est un peu comme une petite famille, il y a une bonne ambiance et on peut compter les uns sur les autres. »
« Être élu, c’est être un relais »
Vincent Barbier, vigneron à Vertou, élu au Pôle Communication depuis novembre 2020.
« Je me suis installé en 2019 avec la volonté de plonger dans le bain de l’appellation, d’être acteur à la Fédération et de réseauter. Avant les élections de 2020, je suis donc allé à la réunion du canton de Vertou et j’ai exprimé le souhait de me présenter. C’était alors une campagne un peu exceptionnelle car nous étions en période Covid et beaucoup de réunions se faisaient en visio.
Le Pôle Communication se réunit trois fois par an. Entre ces rencontres, on s’appelle, on échange mais ce n’est pas une charge. Nous sommes défrayés pour chaque réunion, chose que j’ignorais au début mais qui est le signe que notre rôle est important et pris en considération. En amont des réunions, il y a des documents à lire, des plans à regarder. Tout est préparé par les permanents de la Fédération qui font un très bon travail. On partage ensuite ces documents au canton. Mes collègues de Vertou me posent souvent des questions car ils savent que je suis un élu qui transmet l’information. Être élu, c’est être un relais.
Trois ans après mon entrée à la Fédération, je suis enchanté de ma démarche et j’ai le sentiment que durant ce mandat, on a fait bouger les lignes. On est passé d’un sentiment de défiance à une vraie reconnaissance du travail fait par les élus. Le projet du Château de La Frémoire a été un dossier central du mandat et il n’a pas rencontré de blocages. Je me rappelle du choix du lieu. L’idée est venue lors d’une de nos réunions, preuve que le travail d’élu porte ses fruits. Sur ce dossier, j’ai apprécié qu’il n’y ait pas eu de limites à l’ambition. On ne s’est jamais mis de freins et aujourd’hui le calendrier est tenu.
Parmi les réussites, je retiens le rayonnement de l’image du Muscadet à travers les événements auxquels les Vins de Nantes participent mais aussi le travail de fond fait par le Conseil Stratégique sur la relecture du cahier des charges, même s’il reste encore beaucoup à faire. On peut trouver que les choses ne vont pas assez vite mais heureusement que l’on prend le temps. Être élu, c’est un engagement de patience. Côté regret, je dirai qu’il y a encore trop d’archaïsme dans les relations avec les institutions. Le bémol est aussi l’absentéisme aux réunions. C’est un vrai engagement de présence. Il faut s’y tenir, ce n’est pas du vent.
Être élu m’a en tout cas permis de mieux connaître les règlements, de les lire, d’en discuter. Ça a amélioré ma pratique, m’a permis de rencontrer mes pairs. J’ai envie de poursuivre ce rôle. Nous sommes au début du changement. Il y a le travail sur le cahier des charges du Muscadet mais aussi le sujet de la transmission. J’invite les collègues à se présenter. Il y a une vraie richesse dans les échanges. »