Plan stratégique, valorisation, communication… Entretien avec Christian Gauthier et François Lieubeau
Le début d’une nouvelle année est l’occasion de faire le point et de définir le cap des mois à venir. Le plan stratégique, lancé il y a un an avec le Syndicat des Vignerons Indépendants, est l’une des priorités de 2022 mais la lutte contre le gel, la valorisation et la communication le sont également. Christian Gauthier, président de la Fédération des Vins de Nantes, et François Lieubeau, président du pôle communication, nous livrent la feuille de route.
Quel retour faites-vous sur la récolte 2021 et quelles sont les perspectives sur le plan commercial ?
Christian Gauthier : Nos premières estimations étaient un peu pessimistes. Même s’il est encore un peu tôt, les volumes devraient être légèrement supérieurs à ceux annoncés. Nous n’avons pas subi de pertes liées aux maladies et la qualité est au rendez-vous. Avec cette récolte et les stocks du millésime 2021, nous aurons suffisamment de vins pour alimenter les marchés existants, sans toutefois être offensifs commercialement.
François Lieubeau : Avec les stocks construits sur le millésime 2020 et la récolte 2021, l’objectif est d’alimenter nos clients existants et il n’y a pas d’inquiétude sur le fait qu’on y arrivera. On s’est par ailleurs donné la flexibilité vis à vis de la mise en bouteille du millésime 2020 avec la possibilité d’embouteiller les sur lie jusqu’au 31 mars 2022.
L’année à venir s’annonce capitale, comment l’abordez-vous ?
Christian Gauthier : Pour l’instant tout le monde est occupé, à la vigne ou au commerce, mais à partir du mois de mars, la période sera tendue, stressante. Certains domaines se sont équipés en moyens de lutte contre le gel mais il est encore compliqué de le faire dans les délais. Nous travaillons par ailleurs sur le dossier de l’aspersion mais sans savoir s’il sera prêt pour le printemps.
Sur le sujet du gel, où en sont les différentes mesures de soutien ?
Christian Gauthier : La première mesure a été le fonds d’urgence mis en place par l’État. Une centaine d’exploitations ont pu en bénéficier en Loire-Atlantique pour une aide moyenne de 2 000 €. Au niveau des cotisations MSA, la prise en charge est en cours et devraient aboutir prochainement avec une aide maximale de 15 000 € d’exonération de charges patronales et salariales par exploitation. Enfin sur le sujet de l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), il y a eu quelques dysfonctionnements. Beaucoup d’exploitations ont reçu un rappel pour le paiement avec une majoration de 10 %. Nous avons averti les services fiscaux qui ont évoqué un problème informatique avec un envoi automatique. Il ne faut pas en tenir compte et ne pas payer la taxe. Ceux qui sont en prélèvement automatique recevront un remboursement. Quant aux parcelles en fermage, les exploitants peuvent demander aux propriétaires le versement du dégrèvement.
La Fédération des Vins de Nantes et le Syndicat des Vignerons Indépendants travaillent à l’élaboration d’un plan stratégique pour le Muscadet depuis un an maintenant. Où en est-on aujourd’hui ?
François Lieubeau : Nous avons mis en place trois briques de diagnostics sur la première année de mandat. La première, c’était l’étude consommateurs co-financée par le SVIN et la Région. La seconde, c’était l’étude filière auprès des vignerons pour constituer la carte d’identité du vignoble, et savoir comment ils se projettent dans les 10 ans à venir sur les surfaces, les bâtiments, les certifications environnementales, la transmission, etc. La 3e brique, c’était l’atelier export où nous avons travaillé avec Interloire et les exportateurs chevronnés du Muscadet, vignerons et négociants, pour améliorer nos performances à l’export.
Christian Gauthier : On a présenté ces études aux réunions de délégués et lors des réunions syndicales. Il est ressorti 5 chantiers à travailler : la production régulée et l’organisation du marché, la lisibilité, l’image et la formation (voir ci-dessous). Cela va nous amener à revisiter le cahier des charges, afin de le clarifier aussi bien pour les producteurs que pour le consommateur qui est un peu perdu dans notre hiérarchie. Il connaît le Muscadet, les crus mais il ne comprend pas forcément la notion de sur lie. Nous pouvons sans doute faire évoluer aussi certains points limitants pour l’alimentation régulière et le développement de nos marchés et étudier tous les outils pour éviter les yoyos. Nous avons des pistes d’évolution mais il est trop tôt pour les dévoiler car nous ne sommes pas au bout de notre travail préparatoire. Elles seront présentées aux délégués puis lors des réunions de sections en début d’année.
L’un des enjeux pour le Muscadet, c’est celui de la valorisation. Quels sont leviers pour augmenter cette valorisation ?
François Lieubeau : Les coûts de revient ont significativement augmenté sur le millésime 2021. D’un côté nous avons perdu une grande partie de la récolte suite au gel, de l’autre nous connaissons des hausses de la part de nos fournisseurs. Bouchons, bouteilles, packaging, poteaux de palissage, énergie, etc., sont en hausse. Le vigneron ne peut les assumer seul et doit les répercuter sur le prix final. Le consommateur est prêt à l’entendre et à le comprendre puisque lors de l’étude consommateur menée il y a quelques mois, il est ressorti qu’il était prêt à payer plus cher la bouteille de Muscadet.
Suite aux dernières élections, deux nouvelles commissions ont été mises en place, l’une pour les bulles, l’autre pour le rosé. Où en sont-elles?
Christian Gauthier : Pour le rosé, l’objectif était d’aboutir à une démarche collective en rosé sec en AOC de Loire avec l’Anjou et la Touraine. Il n’a pas été atteint. Nous nous sommes donc tournés vers l’IGP Val de Loire en tant que socle pour nos rosés secs. Pour les Bulles, la clé d’entrée la plus naturelle était le Crémant de Loire. Actuellement ce n’est pas possible. Donc, dans le cadre de notre projet stratégique, nous poursuivons notre démarche en vue de la reconnaissance d’une Bulle Nantaise. Les expérimentations menées avec l’IFV à la Sicarex du Pays Nantais vont se poursuivre sur la récolte 2022, à plus grande échelle et avec moins de variantes que précédemment.
Quels sont les projets en terme de communication et d’événementiel ?
François Lieubeau : L’objectif est de poursuivre notre montée en gamme afin de créer de l’image sur les Vins de Nantes. 2022 sera une année de relance et tous nos partenaires ont à cœur de faire une belle année. Avec le Zénith, nous travaillons sur la refonte du bar à Muscadet dans le cadre du réaménagement du hall. Avec le Hellfest, nous préparons la double édition du mois de juin afin d’amplifier notre présence sur le festival. Nous poursuivons également le partenariat avec le Voyage à Nantes. La saison 6 du Homard à La Frémoire aura lieu l’été prochain. Nous voulons toujours faire de La Frémoire « l’Ambassade des Vins de Nantes » et il y a une volonté politique forte de faire aboutir ce projet. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons rencontré la présidente de Région Christelle Morançais et le directeur du Voyage à Nantes Jean Blaise fin décembre. Enfin, nous souhaitons aussi amplifier notre présence sur le digital en s’ouvrant à de nouveaux formats comme la vidéo ou en développant des partenariats.
L’année 2021 a été marquée par l’organisation du Nouvel Ancrage. Une 2ème édition est-elle envisagée ?
François Lieubeau : Le bilan de cette première édition est très bon avec 200 professionnels réunis à La Frémoire. On se laisse désormais le temps d’inventer le format de ce que sera la 2e édition. L’idée étant d’apporter quelque chose de nouveau, de spectaculaire.
Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année ?
Christian Gauthier et François Lieubeau : Du vin ! A cette question, la réponse est unanime dans le vignoble.