Covid-19 : Les acteurs de l’oenotourisme préparent la saison
Depuis le 11 mai et encore plus depuis le 2 juin, les caves touristiques ont retrouvé un semblant de « vie d’avant ». Dans le vignoble de Nantes, toutes les mesures ont été prises pour recevoir les visiteurs dans les meilleures conditions. Les semaines à venir sont en effet capitales pour maintenir l’activité et rattraper le manque à gagner des semaines de confinement.
C’est la grande inconnue de ce début de saison : les touristes seront-ils au rendez-vous cet été dans le vignoble de Nantes ? Septième destination touristique de France, la Loire-Atlantique espère conserver sa place cette année malgré le contexte sanitaire. Avec l’épidémie de Covid-19 et le confinement, la saison touristique a commencé avec quelques semaines de retard. Mais dès le déconfinement, les professionnels du secteur ont appuyé leur communication pour attirer les visiteurs. « Il fallait rapidement mettre en place une communication qui correspond à nos axes de promotion habituels notamment le tourisme de proximité. Le vignoble est à un carrefour de plusieurs grandes villes, Nantes, Angers, Cholet et nous nous sommes tournés vers ces villes qui nous entourent », indique Caroline Blanloeil, directrice-adjointe de l’Office de tourisme du Vignoble de Nantes. Dans le Pays d’Ancenis, la communication est elle aussi tournée vers la clientèle locale. « Les gens n’auront peut-être pas envie d’aller très loin et ça sera l’occasion pour eux de redécouvrir leur région », selon Céline Grasset, directrice-adjointe de l’Office du tourisme. « Cet été peut être l’occasion de revenir à des choses simples, de profiter de sa famille. Et nous avons la chance d’avoir de grands espaces pour prendre l’air, se ressourcer et faire de nombreuses activités comme la Loire à Vélo. C’est l’une des premières demandes formulées par les visiteurs l’été. » Pendant le confinement, l’Office a d’ailleurs maintenu le lien avec ses visiteurs, habituels ou futurs, en relayant les initiatives de ses partenaires sur les réseaux sociaux. « On a partagé des vidéos dans lesquelles ils font découvrir le territoire ou nous racontent leur confinement. Ça été le cas avec Benoît Landron pour qui le travail à la vigne ne s’est pas arrêté. On envisage d’ailleurs de poursuivre ces vidéos pour aider nos partenaires à redémarrer », explique Céline Grasset.
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Le confinement terminé, les offices ont repris leur rôle d’accueil du public, en présentiel. Le bureau d’Ancenis a rouvert le 2 juin et celui de Clisson le 3. Seul celui de Vallet restera fermé jusqu’à début juillet. Plus de 16 000 visiteurs sont accueillis chaque année à Ancenis et Oudon, plus de 33 000 dans les bureaux de Clisson et Vallet. Mais l’accueil sera différent cette saison. « Nous avons aménagé les locaux avec des cordons, des plexiglas. On va être sur un accueil privatisé avec pourquoi pas une prise de rendez-vous pour éviter les files d’attente », décrit Caroline Blanloeil. A Clisson, la cave des Muscadets change aussi d’organisation. « L’espace dégustation restera fermé mais on incitera les visiteurs à aller directement dans les domaines », poursuit la directrice-adjointe.
« Venez chez nous, tout est sous contrôle »
Dans les caves touristiques aussi les mesures barrières ont été mises en place, à la fois pour recevoir les clients mais aussi pour continuer à leur proposer la dégustation. Vin & Société a d’ailleurs édité une affiche pour rappeler aux visiteurs les gestes à respecter dans les caveaux. « Nous avons rouvert le 11 mai avec mise à disposition de gel hydroalcoolique, une limitation à 4 personnes maximum dans la cave et des visites sur rendez-vous. Je réfléchis d’ailleurs à la mise en place d’une application pour faciliter la réservation », précise Pascale Ménard, du domaine Ménard-Gaborit à Monnières. Les visiteurs sont toutefois peu nombreux malgré la levée des restrictions. « La semaine du 11 mai a été très calme. Depuis il y a un peu plus de monde et nous avons à nouveau des petites demandes de groupes. Mais tous nos rendez-vous de l’été sont annulés. Le prochain rendez-vous dans le cadre des Caves étonNantes n’aura lieu que début octobre. »
A Thouaré-sur-Loire, le vignoble Marchais a lui aussi subi les effets de la crise sanitaire. A la fois salle de réception, bar à vins et site d’hébergement avec ses nuits en tonneaux, il a vu son activité totalement stoppée par la pandémie. « Tous les mariages ont heureusement été reportés. Ils reprendront à la mi-août et on a décidé d’allonger la saison en proposant des tarifs remisés en octobre et novembre. Les nuits en tonneaux ont elles repris début juin mais seulement deux des quatre tonneaux sont disponibles pour respecter le protocole sanitaire. Pour la partie bar à vins/dégustation, nous avons réaménagé l’espace avec un sens de circulation, une entrée et une sortie distinctes. Les gens sont espacés, il y a un crachoir par famille, on s’occupe du service et nous portons des visières », décrit Philippe Marchais. Pour le vigneron, l’objectif est de rassurer. « Pour les mariages, nous proposons désormais un service de conciergerie pour accompagner l’événement et effectuer une désinfection régulière des poignées, lieux de passage, etc. Le message c’est « venez chez nous, tout est sous contrôle ».
Pour le domaine, tous ces aménagements ont un coût. Achats de produits d’entretien, de masques, de gel, d’un ioniseur pour désinfecter les tonneaux, auxquels s’ajoutent la réalisation d’une douche supplémentaire dans la partie sanitaires. « On ne répercutera pas le surcoût sur les prestations », assure Philippe Marchais. « Quand on reçoit du monde, il faut faire ce qu’il faut pour qu’ils soient bien. S’il fait chaud, on installe la clim, quand il y a le Covid, on met du gel à disposition ! » Pour passer le cap, l’entreprise a sollicité les aides de l’État, notamment le Prêt garanti et le chômage partiel. Elle mise maintenant sur le retour de la clientèle pour relancer l’activité et offre aussi de nouvelles prestations. Depuis le 2 juin, du mardi au vendredi, le domaine propose une restauration du midi au cœur des vignes en partenariat avec un traiteur local. « Il faut rebondir. Il y a un slogan de la BPI qui dit « On se relève et on se révèle ». Nous devons nous relever. »
Le Voyage continue
Se relever ou plutôt continuer, c’est également le choix fait par les opérateurs du tourisme en Loire-Atlantique. A commencer par le Voyage à Nantes. Dès le 24 avril, la structure annonçait sa volonté d’organiser l’événement à des dates différentes de celles initialement prévues. Le VAN aura donc lieu du 8 août au 27 septembre avec un parcours remodelé et des inaugurations reportées comme celle du porte-vue de Château-Thébaud repoussée à septembre. Le Homard à La Frémoire a lui aussi changé son agenda et décalé son ouverture d’un mois. C’est finalement du 27 juin au 27 septembre, tous les samedis et dimanches de 11h à 21h, que le public pourra profiter du bar à poissons et du bar à boissons. Avec une petite nouveauté cette année : l’ouverture d’un espace découverte pour échanger sur le vignoble de Nantes, ses vins et ses terroirs.
Si de grands rendez-vous comme le Hellfest, Montmartre à Clisson, Festi-Loire ou les Rendez-vous de l’Erdre ont été annulés, les professionnels du tourisme ont fait leur possible pour maintenir une programmation estivale variée. Les vignerons aussi. Le pique-nique chez le vigneron indépendant, traditionnellement organisé à la Pentecôte, a été décalé aux 26 et 27 juillet. La 8e édition des Caves étonNantes aura bien lieu de la fin juin au mois d’octobre avec des animations adaptées – notamment avec des jauges réduites – en raison du contexte. Les caves du vignoble de Nantes sont et resteront des sites de visites incontournables de l’été. Elles auront même une carte supplémentaire à jouer auprès de la clientèle de proximité pour qui les vacances se dérouleront à domicile faute de pouvoir ou de vouloir voyager. Le confinement a aussi changé les habitudes de consommation. Le local est devenu la référence. L’occasion d’inciter les habitants du territoire à découvrir les vignes qui les entourent, le travail qui y est fait et la richesse des vins de Nantes. L’occasion de créer le réflexe Muscadet et de conquérir de nouveaux ambassadeurs.