Retour sur l’assemblée générale de la Fédération des Vins de Nantes
La première assemblée générale de la Fédération des Vins de Nantes a réuni plus d’une centaine de participants le mardi 21 février à La Haye Fouassière pour aborder l’actualité et les perspectives du Vignoble de Nantes. Une table ronde autour de la question environnementale en lien avec les pratiques viticoles a mis en évidence l’importance d’une meilleure connaissance du métier par le dialogue entre vignerons et citoyens.
Un premier mandat pour une année historique
L’ordre du jour était copieux mais rythmé. Pour son baptême du feu, Christian Gauthier, Président du Conseil stratégique, a ouvert le bal en revenant sur les épisodes qui ont émaillé une année « historique ». Suite à la consultation des vignerons en 2015, la feuille de route était claire : hiérarchie du Muscadet, réappropriation de la communication et nouvelle gouvernance. Tous les chantiers ont été ouverts simultanément l’année même de faible récolte historique ! Christian Gauthier s’est voulu cependant rassurant même s’il convient que « l’environnement économique des exploitations reste fragiles ».
Le dossier « Cognac » a été traité de manière transparente : la Fédération condamne la moralité des pratiques de spéculation même si ces transferts d’autorisation restent légaux. Il est par ailleurs revenu sur les mesures collectives (gel/mildiou) qui ont permis d’amortir le choc et d’apporter certaines réponses techniques. Un épisode climatique qui ne devrait pas à court terme avoir d’incidences sur les marchés qui restent dynamiques, alimentés par des stocks qualitatifs et des cours qui se stabilisent.
Joël Forgeau, président du Pôle ODG (Organisme de Défense et de Gestion) qui assure désormais la compétence sur les trois AOC de Nantes (Muscadet, Gros Plant du Pays Nantais et Coteaux d’Ancenis), a présenté les travaux engagés par les sections et ceux à venir avant la récolte 2017 : Réforme du cahier des charges du Muscadet régional avec un style différent des sur lie et des mesures techniques y contribuant, nouvelle délimitation des aires AOC Gros Plant et Muscadet pour une simplification et une segmentation affirmée.
Concernant le segment haut de gamme, Thierry Martin, président du comité de pilotage des crus, a confirmé que les quatre dénominations géographiques complémentaires (Goulaine, Mouzillon-Tillières, Monnières-Saint-Fiacre et Château Thébaud) attendent leur reconnaissance officielle avant la prochaine récolte, alors que Clisson, Gorges et Le Pallet vont entamer leurs travaux de délimitations parcellaires.
Enfin Olivier Martin, président du pôle communication a présenté, avec Sylvain Dade de l’agence SOWINE, le fruit du travail des vignerons du Pôle : capitaliser sur la marque bannière « Muscadet, Vins de Nantes », proposer deux marques filles « Muscadet & Terroirs » (Crus, Muscadet sur lie, Coteaux d’ancenis Malvoisie) et « Muscadet & Compagnie » (Muscadet, Gros Plant et Coteaux d’ancenis gamay rouge et rosé). L’océan est l’univers de communication prioritaire. Une communication digitale, des outils d’édition et publicitaires pour les vignerons et de l’événementiel (avec la création d’un wine truck) sont les actions majeures déployées en 2017, en dépit d’un budget contraint suite à la faible récolte.
Joël Forgeau, président de la Confédération des Vignerons du Val de Loire, a exposé la nouvelle gouvernance collégiale de la production viticole à l’échelle du bassin laissant ensuite le soin à Sylvain Naulin, directeur d’InterLoire d’évoquer la nouvelle configuration de l’interprofession : missions resserrées autour de la compétitivité des entreprises, de la recherche et du développement et de la défense des intérêts de la filière à l’échelle nationale.
Christian Gauthier a conclu en rappelant qu’une rencontre avec la famille Négoce était prévue le 5 avril 2017 pour préparer la prochaine récolte avec en perspective la contractualisation et la mise en marché d’un nouveau Muscadet, socle de la gamme.
Vigne, environnement et société, tous concernés ?
En écho au débat national sur les questions environnementales, le Conseil stratégique de la Fédération des Vins de Nantes a souhaité aborder avec les vignerons, les élus du territoire et la filière réunie, la problématique du partage de l’espace agricole. Comment conjuguer activité économique viticole en milieu péri-urbain et préservation de l’environnement ? Des regards croisés ont permis d’éclairer les participants sur les enjeux. Jean-Louis Yengue, géographe à l’Université de Tours a tenu le miroir en décryptant l’évolution des populations de « néo-ruraux ». Paul Rapion, directeur adjoint de la DDTM (Direction Départementale du Territoire et de la Mer) a dressé les grandes lignes du cadre réglementaire (notamment par arrêté préfectoral) concernant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Alain Treton, responsable du pôle viticole à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, a mis en valeur le travail de la filière par des itinéraires technique individuels ou collectifs de vignerons (labels certifiés, programme EcoPhyto).
En dépit d’une forte densité de plantations et de contraintes climatiques fortes, le vignoble de Nantes fait plutôt figure de bon élève en la matière. L’objectif maintenant est de pouvoir communiquer sur ces bonnes pratiques et d’accompagner la transition environnementale. Les élus présents ont salué les progrès effectués par la viticulture et encouragent la filière à se doter d’outils de communication pour valoriser les pratiques vertueuses, favoriser les moments de rencontres entre vignerons et habitants afin de dépassionner le débat.
Le ministre annonce un million d’euros de dégrèvement pour les cotisations MSA
Surprise en clôture de l’AG. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a conclu les débats virtuellement par une vidéo. Il a félicité tous les acteurs sur les travaux engagés par le Vignoble pour sortir de la crise : restructuration, nouvelle gouvernance, segmentation de l’offre pour adapter ses marchés et valoriser ses AOC, partage d’une stratégie de filière. Suite à une requête collégiale des instances viticoles et à un déplacement collectif des professionnels au Ministère (Fédération des Vins de Nantes, Vignerons Indépendants Nantais, Chambre d’agriculture de La Loire-Atlantique) appuyés par la FNSEA et Sophie Errante, députée du Vignoble, le ministre s’est engagé à octroyer une enveloppe d’un million d’euros en dégrèvement de la dette sur les cotisations MSA des exploitations du Vignoble de Nantes. Après cette bonne nouvelle, Christian Gauthier a indiqué qu’une rencontre avec les services de la MSA permettrait de déterminer les modalités équitables de la répartition de cette enveloppe, correspondant à 50 % de la dette.