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Les concours : du local à l’international, décryptage et mode d’emploi

Le concours des Vignerons Indépendants réunit 6000 échantillons. Crédit photo : Vignerons Indépendants.

La compétition est lancée pour les vins du vignoble de Nantes. Le bal des concours s’est ouvert ce mois-ci avec les Ligers. Suivront le prix Clémence Lefeuvre, Paris, la Pipette, Mâcon… Autant d’occasions pour les vignerons nantais de tenter de décrocher une médaille, synonyme de retombées commerciales.

Ils n’ont pas les mêmes enjeux, pas forcément les mêmes participants mais tous concourent à la notoriété des médaillés. Les concours des vins sont classés en trois catégories : les locaux dans lesquels figurent le prix Clémence Lefeuvre, la Pipette ou encore le Grand prix Muscadet sur lie de Clisson, les nationaux avec les Ligers, Paris, Mâcon, le concours des vignerons indépendants et celui des vins du Val de Loire et les internationaux, parmis lesquels on peut citer Blaye et le Berliner Wein Trophy. Yves Goislot, vigneron à Vallet et dernier lauréat de la Pipette d’Or participe généralement à quatre concours par an : « Je fais Paris, Clémence Lefeuvre, la Pipette et Mâcon. Il m’arrive également de participer au concours des vins de Nantes si je n’ai pas fait de résultats dans l’année. » La Maison Sauvion à Vallet privilégie pour sa part les épreuves nationales : « Nous faisons les Ligers, Paris et Mâcon » explique Pierre-Jean Sauvion. « On se concentre sur ces trois là car d’une part cela à un coût, et d’autre part ce sont ceux qui, dans la tête du consommateur ont du sens. »Ce choix est aussi très lié à l’export, secteur majeur pour la Maison Sauvion. « Les marchés nord-américains et scandinaves sont très friands de ce type de reconnaissance. Dans les pays nordiques si on ne présente pas un « book » de médailles, on ne passe par la porte d’entrée. »

Les échantillons présentés sous soumis l’appréciation des jurys qui dégustent les vins à l’aveugle.

Les concours, « un investissement »
Si la date du concours est à retenir, c’est surtout celle des inscriptions qu’il ne faut pas louper. Elle se fait bien en amont, allant de quelques jours avant la dégustation pour les concours locaux, à plusieurs semaines pour les autres. Il est par exemple encore temps de s’inscrire pour la Pipette (dépôt des échantillons le 7 mars) et le concours des vins d’Interloire prévu du 19au 22 avril. Il est en revanche trop tard pour le concours des Vignerons Indépendants prévu les 17 et 18 mars, Mâcon le 22 avril ou Blaye les 22 et 23 avril.
L’inscription effectuée, chaque vigneron est tenu d’envoyer ses échantillons. C’est le cas pour la majorité des épreuves à l’exception du Concours Général Agricole des Vins ou du Grand Prix Clémence Lefeuvre où les vins présentés sont prélevés par un agent. Chaque vin doit respecter des conditions de volumes, être accompagné d’un bulletin d’analyses et bien sûr du règlement des frais d’inscriptions. Il faut compter entre 40 et 50 € par échantillon. Un tarif qui monte à 63,90 € TTC pour le concours des Vignerons indépendants et 86 € HT pour celui de Paris.
En vue des concours, Yves Goislot effectue « toujours une préparation des vins ». Idem pour Pierre-Jean Sauvion qui s’occupe de la gestion des échantillons. Et pas question de faire une croix sur les concours les années de petite récolte comme le fut 2016. « Cela ne change rien. Il faut le voir comme un investissement » souligne la Maison Sauvion.

La médaille, atout commercial et argument de communication
Le jour-J, le stress monte pour les vignerons. Comme un lycéen qui attend les résultats du bac, Pierre-Jean Sauvion guette leur publication « derrière l’ordinateur avec impatience. Ce qui est intéressant, c’est aussi de comparer l’ensemble des résultats. Je fais toujours une dégustation des médaillés après les concours. Cela permet de se remettre en question. » En mars 2016, lorsqu’il a appris l’obtention de la Pipette d’Or, Yves Goislot était « sur un petit nuage. J’encourage d’ailleurs les vignerons à s’inscrire aux concours car on est tous capable d’y arriver. Il faut y croire. » L’obtention d’une médaille ou d’un macaron est en effet un signe de reconnaissance d’un savoir-faire. C’est aussi un atout commercial. « La Pipette nous a ouvert des portes, notamment auprès de la grande distribution. Les clients les apprécient, cela favorise la vente. » Un avis partagé par David Destoc, directeur des Vignerons Indépendants Nantais : « Pour la clientèle de grande distribution, les médailles sont souvent des repères en termes de qualité et de plaisir gustatifs. Elles permettent de découvrir des vins qui se démarquent dans des rayons proposant l’abondance. Vis-à-vis du négoce, les vins médaillés peuvent créer un intérêt et engendrer une meilleure valorisation. » Seul bémol, toutes les médailles ne se valent pas. « Hier on pouvait encore toutes les valoriser, maintenant seules les médailles d’or et d’argent comptent » constate Pierre-Jean Sauvion. Les concours sont en effet de plus en plus nombreux et ont tendance à perdre les consommateurs non-avertis. Ces derniers se reportent alors sur les récompenses « références » comme Paris ou Mâcon.

Crédit photo : Vignerons Indépendants.

Un moment de partage
Preuve de l’importance de ces médailles, des contrôles sont effectués chez les lauréats dans l’année qui suit. Pour le CGA de Paris, des vérifications d’authenticité peuvent être effectuées avant et après le concours à partir de l’échantillon conservé par le comité de pré-sélection. En cas de non-conformité, le concurrent « est exclu du concours à titre temporaire ou définitif. » La réglementation est également très stricte en ce qui concerne l’utilisation de la médaille. Chaque épreuve précise les modalités à respecter dans son règlement.
Pour Yves Goislot, ce qu’il faut aussi retenir des concours c’est l’émulation qu’ils suscitent entre vignerons. « On se retrouve, on discute de nos vins. Les critiques apportent des choses positives. » Pierre-Jean Sauvion estime pour sa part que « les récompenses permettent de mettre en exergue une région. Elles prouvent que les vignerons ont fait leur boulot et il en résulte de très bon millésime. Mais lorsque l’on est médaillé, on se pose toujours une question : si je ne le suis pas l’année suivante, est-ce que cela veut dire que j’ai moins bien travaillé ? » Le lauréat de la Pipette d’Or 2016 lui ne « se fait pas d’illusion pour cette année. Il faut savoir être bon perdant. C’est le jeu » sourit-il.

L’agenda des concours à venir :
– Concours Général Agricole (Paris): pré-sélections les 9 et 10 février à Vertou. Finale à Paris le 25 février.
– Grand Prix Clémence Lefeuvre : premier jury et jury intermédiaire le 18 février. Super-jury le 23 février. Résultats le 4 mars.
– Pipette d’or : dépôt des échantillons le 7 mars. Premières sélections le 8 mars, super-jury le 10 mars. Résultats le 18 mars à 18h.
– Concours des Vignerons Indépendants (Paris) : 17 et 18 mars.
– Concours des vins du Val de Loire : 19 au 22 avril.
– Mâcon : 22 avril.
– Challenge international du vin (Blaye) : 22 et 23 avril
– Grand Prix Muscadet sur lie de Clisson : date non communiquée.