L’œnotourisme, des paroles aux actes
Axe de diversification pour les uns, vecteur de communication pour les autres, l’œnotourisme s’est imposé au fil des années comme un véritable atout pour les domaines viticoles. Dans le vignoble de Nantes, l’offre progresse mais la mise en place d’un projet œnotouristique demande de l’investissement, personnel et financier. Mode d’emploi.
Première étape : faire son propre audit
Quel est mon projet ? Quelle est mon offre et comment me différencier ? Quels sont mes atouts, mes faiblesses ? Combien de temps suis-je prêt à consacrer aux visiteurs ? Quels sont les aménagements à réaliser ? Quel est mon budget ? « Se poser les bonnes questions est la première des choses à faire avant de se lancer. L’œnotourisme un bon complément d’activité mais il a aussi ses contraintes » insiste Caroline Blanloeil, responsable du Pôle développement à l’Office de tourisme du Vignoble de Nantes. « S’engager dans l’œnotourisme passe inévitablement par cette phase de réflexion et de mise en perspective de son projet » ajoute Sébastien Duvallet, vigneron en charge de l’oenotourisme à la Fédération des Vins de Nantes. Michel Petiteau du Domaine de la Chalousière à Vallet a lui mûri sa proposition pendant plusieurs années.
« J’avais le projet d’un belvédère depuis une dizaine d’années pour montrer nos parcelles aux visiteurs et leur expliquer notre démarche de cru communal. Nous ne disposions jusqu’à présent que d’une salle de dégustation. Mais les personnes qui viennent nous voir veulent plus qu’une simple dégustation. Lorsque mon fils Vincent m’a rejoint, nous avons mis en œuvre notre projet de nouveau caveau. Celui-ci a ouvert en juin dernier. » Ce nouvel espace s’accompagne de visites dans les vignes. « Nous organisons plusieurs randonnées dans l’année, au moment de la fleur de vigne, pendant l’été et après les vendanges. Mais aujourd’hui, tout le monde propose des randonnées donc nous réfléchissons à un autre type de ballade. Il faut se démarquer. »
L’accompagnement, vecteur de réussite
Entre les démarches administratives, les aides, les labels, pas facile d’y voir clair. D’où l’importance de se faire accompagner dans sa démarche. C’est ce que propose l’Office de tourisme du Vignoble de Nantes. « Je rencontre les porteurs de projets pour discuter de leur stratégie de développement, faire le point sur la clientèle, le réseau et les différentes subventions existantes. Nous intervenons également comme metteur en relation » explique Caroline Blanloeil. Ses homologues de l’Office de tourisme du Pays d’Ancenis et d’une « Autre Loire » assurent des missions similaires auprès des viticulteurs. Michel Petiteau a pour sa part été conseillé par Sylvaine Bidet, anciennement chargée de mission à la Chambre d’agriculture, par Caroline Blanloeil ainsi que par Stéphanie Arnaud du groupe d’action locale Leader. « La constitution d’un dossier de demande d’aides européenne est compliquée. Elle nous a accompagné dans nos démarches. »
Sachez également que des guides pratiques existent. Interloire publie « Construire et développer son activité œnotouristique en Val de Loire » en partenariat avec la Chambre d’agriculture 44, l’Association régionale filière vin et l’aide du comité de pilotage œnotourisme en Val de Loire. Le Syndicat des vignerons indépendants édite lui aussi un guide pratique et des fiches thématiques.
Les aides publiques, un coup de pouce non négligeable
179 994,58 €. C’est la somme des aides débloquées dans le cadre du programme Leader 2007–2015 en faveur de domaines du vignoble de Nantes. Ce programme qui signifie « Liaisons Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale » soutient financièrement des projets de développement rural. Pour l’aménagement de leur caveau et la réalisation du belvédère, Michel et Vincent Petiteau ont touché 19 000 €. Une aide à laquelle s’ajoutent les 30 000 € obtenus dans le cadre de l’appel à projets Caves Touristiques de la Région Pays de la Loire. Ouvert jusqu’au 31 décembre 2016, cet appel à projet aide les professionnels à moderniser ou aménager leurs espaces d’accueil. FranceAgrimer dispose également d’un programme d’investissements des entreprises viti-vinicoles. Il permet de financer la modernisation des installations et l’amélioration de la compétitivité de ces entreprises.
Seule contrainte concernant ces demandes de subvention : la procédure administrative, parfois longue et compliquée. D’où la nécessité, une fois de plus, d’être accompagné.
Développer ses réseaux pour accroître sa notoriété
Aménager son caveau, c’est bien. Le faire savoir, c’est mieux. La promotion est un paramètre à ne pas négliger pour tout acteur de l’œnotourisme qui se respecte. Certes, le bouche à oreille est un vecteur de communication comme les autres mais à l’heure du digital et des réseaux sociaux, il est indispensable d’être présent sur internet. Site web, page Facebook, comptes Twitter et Instagram, sans oublier les réseaux professionnels Viadeo et Linkedin, tous les moyens sont bons pour se faire connaître. Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec ces outils, des formations sont proposées, notamment via Food’Loire, le service de la Chambre régionale d’agriculture qui accompagne les producteurs des Pays de la Loire dans leur démarche commerciale à l’export.
Mais les réseaux ne sont pas seulement virtuels. Interloire développe ainsi celui des « Caves Touristiques » qui regroupe les domaines viticoles engagés dans une démarche qualité. C’est même la première étape avant de prétendre à d’autres labels comme « Vignobles & Découvertes ». Porté localement par Loire-Atlantique Développement, « Vignobles & Découvertes » réunit les acteurs de l’œnotourisme. 36 domaines viticoles bénéficient actuellement du label dans le département. Sans oublier les partenaires touristiques que sont les offices de tourisme et le Voyage à Nantes, relais de promotion auprès desquels se rapprocher. Ils sont souvent la première porte d’entrée des touristes et visiteurs dans le vignoble.
Pour aller plus loin :
– Construire et développer son activité œnotouristique en Val de Loire : http://docplayer.fr/9481648-En-val-de-loire-construire-et-developper-son-activite-oenotouristique.html
– L’œnotourisme par le Syndicat des Vignerons Indépendants : http://www.vigneron-independant.com/oenotourisme